Le THC, la molécule du cannabis qui modifie l’activité du cerveau

Le cannabis provient de la plante de chan­vre, qui ren­ferme plus de 400 sub­stances chim­iques dif­férentes, dont une cen­taine de cannabi­noïdes. Par­mi eux, le tétrahy­dro­cannabi­nol (THC) occupe une place cen­trale : c’est lui qui provoque les effets psy­choac­t­ifs et eupho­risants du cannabis.1

Con­traire­ment au cannabid­i­ol (CBD), qui n’entraîne pas cette sen­sa­tion d’ivresse, le THC agit directe­ment sur l’activité cérébrale et est respon­s­able des mod­i­fi­ca­tions de per­cep­tion recher­chées par les per­son­nes qui consomment.

Sous quelles formes le THC se consomme-t-il ? 

Il y a de nom­breuses formes sous lesquelles le THC est ven­du. On retrou­ve le plus sou­vent : 

  • Les fleurs de cannabis (herbe, weed, mar­i­jua­na)
  • Le haschich (shit, pollen, filtré)
  • Les huiles, con­cen­trés et dérivés (shat­ter et wax) 

La méth­ode la plus répan­due pour con­som­mer du cannabis con­siste à le fumer, avec ou sans tabac, sous la forme de joint, de bang ou de pipe. 

Il peut égale­ment être ingéré après avoir été suff­isam­ment chauf­fé. Dans ce cas les effets se man­i­fes­tent plus lente­ment mais durent plus longtemps que lorsqu’il est fumé. 

Enfin, depuis quelques années, le cannabis peut aus­si être con­som­mé par vapor­i­sa­tion. Cette méth­ode utilise des con­cen­trés de THC dilués dans du liq­uide pour cig­a­rettes élec­tron­iques. Il est aus­si pos­si­ble de vapor­is­er directe­ment des fleurs ou du haschich dans des appareils spé­ci­fiques, les vapor­isa­teurs. 

D’où proviennent les effets du THC ? 

Le THC a été isolé en 1964 de la plante de cannabis.2 Depuis, de nom­breuses études ont per­mis de com­pren­dre com­ment il agit dans le corps humain. 

Statistics

Une grande par­tie du THC naturelle­ment présent dans la plante se trou­ve sous une forme acide non psy­choac­tive, appelée THC‑A. Pour devenir act­if, ce com­posé doit être chauf­fé à haute tem­péra­ture afin de se trans­former en THC.3 Cette con­ver­sion se pro­duit générale­ment lors de la com­bus­tion, de la vapor­i­sa­tion ou de la cuis­son du cannabis. 

Une fois en con­tact avec les muqueuses du corps, le THC se dif­fuse dans le sang, puis dans le cerveau. Les effets du THC provi­en­nent de la liai­son de cette sub­stance avec les récep­teurs cannabi­noïdes. Une page dédiée explique en détail les effets du THC dans l’organisme. 

Variation et évolution des taux de THC 

La teneur en THC du cannabis est très vari­able. À l’état naturel, sans inter­ven­tion humaine, elle se situe générale­ment entre 0,1% et 4%.4 Mais en quar­ante ans, les tech­niques de cul­ture et de croise­ments sélec­tifs ont con­sid­érable­ment relevé ces con­cen­tra­tions : les fleurs sont passées d’environ 2% en 2006 à 12% en 2016, tan­dis que la résine (haschich) est passée de 8% en 1992 à 23% en 2016.5

Cette pro­gres­sion s’accompagne sou­vent d’une baisse du cannabid­i­ol (CBD), un autre cannabi­noïde qui tend à lim­iter cer­tains effets négat­ifs du THC. L’évolution reste influ­encée par des fac­teurs envi­ron­nemen­taux (lumière, tem­péra­ture, humid­ité, mode de stock­age) ou géné­tiques. Ces dernières années, elle est aus­si le fruit de choix stratégiques du marché illégal.

Conséquences des taux élevés de THC sur la santé

Un taux élevé de THC aug­mente le poten­tiel psy­chotrope d’un pro­duit, surtout lorsque le niveau de CBD est faible. Les effets sec­ondaires devi­en­nent alors plus fréquents et plus intens­es6 : états déli­rants, hal­lu­ci­na­tions, crises de panique. Ces effets sont par­ti­c­ulière­ment liés à la con­som­ma­tion de cannabis con­tenant plus de 5% de THC.

Un ratio élevé de THC/CBD est égale­ment asso­cié à un risque accru de dépen­dance, à une baisse de la mémoire de tra­vail et à une hausse de la para­noïa.7

  1. Ash­ton, C. H. (2001). Phar­ma­col­o­gy and effects of cannabis : A brief review. The British Jour­nal of Psy­chi­a­try : The Jour­nal of Men­tal Sci­ence, 178, 101‐106.[]
  2. Gaoni, Y., & Mechoulam, R. (1964). Iso­la­tion, Struc­ture, and Par­tial Syn­the­sis of an Active Con­stituent of Hashish. Jour­nal of the Amer­i­can Chem­i­cal Soci­ety, 86(8), 1646-1647.[]
  3. Wang, M., Wang, Y.-H., Avu­la, B., Rad­wan, M. M., Wanas, A. S., van Antwerp, J., Parcher, J. F., ElSohly, M. A., & Khan, I. A. (2016). Decar­boxy­la­tion Study of Acidic Cannabi­noids : A Nov­el Approach Using Ultra-High-Per­for­mance Super­crit­i­cal Flu­id Chromatography/Photodiode Array-Mass Spec­trom­e­try. Cannabis and Cannabi­noid Research, 1(1), 262-271.[]
  4. Wenger, J. P., Dab­ney, C. J., ElSohly, M. A., Chan­dra, S., Rad­wan, M. M., Majum­dar, C. G., & Weiblen, G. D. (2020). Val­i­dat­ing a pre­dic­tive mod­el of cannabi­noid inher­i­tance with fer­al, clin­i­cal, and indus­tri­al Cannabis sati­va. Amer­i­can Jour­nal of Botany, 107(10), 1423-1432.[]
  5. Dujour­dy, L., & Besaci­er, F. (2017). A study of cannabis poten­cy in France over a 25 years peri­od (1992 – 2016). Foren­sic Sci­ence Inter­na­tion­al, 272, 72-80.[]
  6. Stuyt, E. (2018). The Prob­lem with the Cur­rent High Poten­cy THC Mar­i­jua­na from the Per­spec­tive of an Addic­tion Psy­chi­a­trist. Mis­souri Med­i­cine, 115(6), 482‑486. []
  7. Cannabis pol­i­cy in the Nether­lands : Mov­ing for­wards not back­wards. (s. d.). Trans­form.)) Mal­gré cela, les var­iétés rich­es en THC restent glob­ale­ment les plus recher­chées par les per­son­nes con­som­ma­tri­ces.((Free­man, T. P., & Win­stock, A. R. (2015). Exam­in­ing the pro­file of high-poten­cy cannabis and its asso­ci­a­tion with sever­i­ty of cannabis depen­dence. Psy­cho­log­i­cal Med­i­cine, 45(15), 3181‑3189.[]