Le cannabis aussi provoque des « bad trips »

Le bad trip, qui sig­ni­fie « faire un mau­vais voy­age »1, désigne une expéri­ence désagréable sous l’effet de cer­taines sub­stances. Ce terme est prin­ci­pale­ment asso­cié aux sub­stances hal­lu­cinogènes, notam­ment le LSD, qui peu­vent induire des hal­lu­ci­na­tions désagréables ou des délires menaçants.

Le cannabis, en par­ti­c­uli­er lorsqu’il est forte­ment con­cen­tré en THC ou qu’il est con­som­mé dans un con­texte défa­vor­able (par exem­ple en présence d’un mal-être psy­chique), peut déclencher un bad trip ou une psy­chose toxique.

Effets psy­chiques

Le « bad trip » sous l’effet du cannabis, ça ressemble à quoi ?

Con­crète­ment, sous cannabis, le bad trip résulte d’une intox­i­ca­tion à la sub­stance et se car­ac­térise générale­ment par un état anx­ieux et psy­cho­tique, avec une perte de con­tact avec la réal­ité. Dans ce cas, il se man­i­feste par des symp­tômes psy­cho­tiques typ­iques, tels que délires et/ou hal­lu­ci­na­tions. En général, cet épisode psy­cho­tique est très angois­sant ! 

Par­fois, cet état tran­si­toire se lim­ite à de l’anxiété (inquié­tudes, ner­vosité) et ne com­porte pas de symp­tômes psy­cho­tiques. Dans cer­tains cas, cette anx­iété peut provo­quer une crise de panique, car­ac­térisée par une mon­tée rapi­de et intense de l’angoisse, accom­pa­g­née de symp­tômes tels des trem­ble­ments ou une accéléra­tion du rythme car­diaque. 

Que faire, en cas de « bad trip » ? 

Lorsqu’une per­son­ne se trou­ve dans cet état, il est préférable de lui deman­der si elle souhaite de la com­pag­nie et de s’adapter à ses besoins. Générale­ment, quelqu’un qui est en sit­u­a­tion de bad trip appré­cie d’être accom­pa­g­né·e, mais de préférence par une ou deux per­son­nes tout au plus. Si l’environnement est agité, un change­ment de cadre plus calme peut égale­ment être béné­fique. Il est pos­si­ble de pos­er des ques­tions sim­ples pour ten­ter de recen­tr­er la per­son­ne, à con­di­tion qu’elle soit capa­ble de com­mu­ni­quer. On peut par exem­ple lui deman­der son nom ou son plat préré. Si la per­son­ne préfère rester seule, il est impor­tant de respecter son souhait, mais sans la laiss­er com­plète­ment sans sur­veil­lance. Il suf­fit de la garder à l’œil, sans inter­venir, à moins que cela ne soit néces­saire. Ces con­seils provi­en­nent du manuel de réduc­tion des risques sur les psy­chédéliques de la SPF.

Si la sit­u­a­tion ne s’améliore pas, que la per­son­ne ou son entourage sont par­ti­c­ulière­ment inqui­ets, et si la per­son­ne s’est isolée ou est en dan­ger, il est impor­tant de faire appel à un·e médecin ou à un ser­vice médi­cal, voire aux urgences de l’hôpital. Bien que le cannabis ne puisse pas entraîn­er de décès à cause de ses effets physiques, ses effets men­taux peu­vent être très dif­fi­ciles à gér­er.  

Dans le cas, rel­a­tive­ment rare, où l’état de souf­france psy­chique se pro­longe mal­gré l’arrêt de la con­som­ma­tion (après un ou plusieurs jours), il est forte­ment con­seil­lé d’aller con­sul­ter un médecin ou un ser­vice médi­cal proche. Des asso­ci­a­tions de réduc­tion des risques en Suisse romande (liens ci-bas) pro­posent aus­si des per­ma­nences d’écoute et de con­seil.

La psychose toxique

Sous un angle médi­cal, on peut con­sid­ér­er le bad trip comme une psy­chose tox­ique. Un manuel de référence en psy­chi­a­trie (le DSM-V)2 la car­ac­térise comme un trou­ble psy­cho­tique induit par une sub­stance. En pre­mier lieu, il doit y avoir présence d’hallucinations ou d’idées déli­rantes. Ensuite, il doit être mis en évi­dence que les symp­tômes sont sur­venus pen­dant une intox­i­ca­tion ou un sevrage à une sub­stance ou dans le mois qui a suivi. Ces trou­bles doivent dis­paraître un mois au plus tard après l’intoxication.

L’attaque de panique 

Une attaque de panique se car­ac­térise par une péri­ode courte mais intense de peur ou de malaise. Elle s’accompagne générale­ment de pal­pi­ta­tions, de trem­ble­ments, d’une sen­sa­tion d’étouf­fe­ment et d’une peur extrême. Le pic d’intensité est atteint en moins de 10 min­utes.3 Il s‘agit d’un effet sec­ondaire rel­a­tive­ment fréquent du cannabis.4 Les mêmes con­seils que pour un bad trip s’appliquent ici :  la réas­sur­ance est générale­ment effi­cace et une attaque de panique ten­dance à se dis­siper rapi­de­ment.

  1. Car­ri­g­an, K., Car­rive, L., Hac­quet, R., & Mil­let, G. (2022). Psy­chédéliques, Manuel de Réduc­tion des Risques.[]
  2. XXX[]
  3. Admin­is­tra­tion, S. A. and M. H. S. (2016, juin). Table 3.10, Pan­ic Dis­or­der and Ago­ra­pho­bia Cri­te­ria Changes from DSM-IV to DSM‑5 [Text]. Sub­stance Abuse and Men­tal Health Ser­vices Admin­is­tra­tion (US).[]
  4. Zvolen­sky, M. J., Cougle, J. R., John­son, K. A., Bonn-Miller, M. O., & Bern­stein, A. (2010). Mar­i­jua­na Use and Pan­ic Psy­chopathol­o­gy AmongRep­re­sen­ta­tive Sam­ple of Adults. Exper­i­men­tal and clin­i­cal psy­chophar­ma­col­o­gy, 18(2), 129‑134.[]