Conduite fortement déconseillée

Comme pour la con­som­ma­tion d’al­cool et d’autres pro­duits psy­chotropes, il est forte­ment décon­seil­lé de con­duire après avoir fumé du cannabis. Pas­sage en revue des sta­tis­tiques et du cadre légal.

Que disent les données ?

Il s’avère dif­fi­cile de déter­min­er avec pré­ci­sion la part de respon­s­abil­ité du cannabis dans les acci­dents de la route. Cela s’explique par le fait que le cannabis per­siste en quan­tités déce­lables dans l’or­gan­isme bien au-delà de la péri­ode d’ef­fets ressen­tis.1 De plus, les tests routiers pour le cannabis ne sont pas aus­si répan­dus que ceux pour l’al­cool.

Les don­nées actuelles des dif­férentes études ten­dent toute­fois à démon­tr­er que :

  • Env­i­ron 70% des con­som­ma­teurs et con­som­ma­tri­ces de cannabis recon­nais­sent avoir déjà con­duit sous l’in­flu­ence du pro­duit.2
  • La con­som­ma­tion de cannabis au volant est accom­pa­g­née dans 20% des cas d’alcool3, ce qui est par­ti­c­ulière­ment dan­gereux, la con­som­ma­tion simul­tanée d’alcool et de cannabis aug­mentant encore les risques4.
  • Il est dif­fi­cile de don­ner des chiffres exacts sur l’augmentation des risques étant don­né que de nom­breux fac­teurs entrent en jeu : quan­tités con­som­mées, tolérance de la per­son­ne, expéri­ence de con­duite, etc… On estime de manière approx­i­ma­tive que le risque d’accident est mul­ti­plié par deux au-delà du seuil de 1,5 ng/ml.4 5 Il en va de même en cas de mélange alcool et cannabis par rap­port à une con­som­ma­tion d’alcool seule.4

La part imputable au cannabis dans l’ensem­ble des décès par acci­dents de la route serait de 5%. Ce chiffre com­prend aus­si le risque accru d’être tué·e même sans avoir provo­qué l’ac­ci­dent. À titre de com­para­i­son, l’alcool est respon­s­able de 37% des décès de la route.6

Quelques études se sont égale­ment intéressées aux cas de pilotes de ligne, chez qui les effets négat­ifs du cannabis sont par­ti­c­ulière­ment vis­i­bles. La détéri­o­ra­tion des per­for­mances demeure sig­ni­fica­tive et objec­tivable au moins 24 heures après une dose unique.7

Réglementations

En Suisse, l’Or­don­nance sur les règles de la cir­cu­la­tion routière établit quun con­duc­teur ou une con­duc­trice est réputé·e inca­pable de con­duire chaque fois que la con­te­nance du de THC dans son sang est prou­vée (principe act­if majeur du cannabis).8 Les taux lim­ites de détec­tion dans le sang sont fixés à 1.5 ng/ml.5

Un avant-pro­jet de loi sur les pro­duits cannabiques (LPCan) était en con­sul­ta­tion publique jusqu’à décem­bre 2025.9 Si celui-ci pro­pose de créer un marché légal et régle­men­té pour les adultes sans encour­ager la con­som­ma­tion, la tolérance zéro con­tin­ue de s’appli­quer, le pro­jet de loi inquant que « Ce pro­duit peut altér­er votre capac­ité de con­duire. Il ne faut pas con­duire un véhicule ou se servir d’une machine après en avoir con­som­mé ».10

En France, il n’existe aucun seuil min­i­mal de détec­tion 6. Il suf­fit que du THC soit retrou­vé dans le sang pour que l’automobiliste soit mis en tort pour usage de stupé­fi­ant sur la route. 

Durées de détection et critiques 

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En cas de con­som­ma­tion régulière, le cannabis  peut être détec­té à faible dose dans les urines plusieurs semaines après la dernière prise.11 Pour ce qui est des tests sali­vaires, il n’existe pas de méth­ode de cal­cul fiable pour estimer le temps néces­saire entre la dernière con­som­ma­tion et un con­trôle routi­er. Cela dépend de la fréquence et de la quan­tité con­som­mée, ain­si que du type de test util­isé. Une attente de 48h entre la dernière con­som­ma­tion sem­ble en tout cas recom­mand­able, mais il est préférable d’attendre plus de temps si pos­si­ble.12

Une étude de grande enver­gure démon­tre la faible cor­réla­tion entre taux de THC détec­tés et capac­ité à con­duire.13 Il s’agirait d’un critère peu per­ti­nent étant don­né que l’inadaptation à la con­duite dépend aus­si de la per­son­ne con­som­ma­trice et que les tests sont par­fois posi­tifs bien après la fin des effets. De plus, cela crim­i­nalise les con­som­ma­teurs et con­som­ma­tri­ces de cannabis à des fins médi­cales. La pos­si­bil­ité de réalis­er un test psy­chomoteur en bord de route au lieu d’une analyse pour­rait être une option.

  1. Urine Test­ing for Detec­tion of HYPERLINK « https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/00000138.htm » Mar­i­jua­na : An Advi­so­ry. (s. d.).[]
  2. Raes, E., & Ver­straete, A.-G. (2006). Cannabis et con­duite auto­mo­bile : La sit­u­a­tion en Europe. Annales Phar­ma­ceu­tiques Français­es, 64(3), 197‑203.[]
  3. First nation­wide study on dri­ving under the influ­ence of drugs in Switzer­land (s. d.).[]
  4. Ramaek­ers, J. G., Berghaus, G., van Laar, M., & Drum­mer, O. H. (2004). Dose relat­ed risk of motor vehi­cle crash­es after cannabis use. Drug and Alco­hol Depen­dence, 73(2), 109‑119.[][][]
  5. RS 741.013.1 — Ordon­nance de l’OFROU du 22 mai 2008 | Fedlex. (s. d.).[][]
  6. ernard LAUMON, Blan­dine GADEGBEKU, & Jean-Louis MARTIN. (2011). Stupé­fi­ants et acci­dents mor­tels (pro­jet SAM), analyse épidémi­ologique.[]
  7. Ban­dolier. (2022, jan­vi­er 27). Cannabis and fly­ing.[]
  8. RO 2004 2851 Ordon­nance sur les règles de la cir­cu­la­tion routière (OCR) Fedlex. (s. d.).[]
  9. Suisse, R. T. (2025, août 29). Un pro­jet mis en con­sul­ta­tion pour légalis­er le cannabis en Suisse. rts.ch.[]
  10. Fedlex. (s. d.-b).[]
  11. Ellis, G. M., Mann, M. A., Jud­son, B. A., Schramm, N. T., & Tashchi­an, A. (1985). Excre­tion pat­terns of cannabi­noid metabo­lites after last use in a group of chron­ic users. Clin­i­cal Phar­ma­col­o­gy and Ther­a­peu­tics, 38(5), 572‑578.[]
  12. Andås, H. T., Krab­seth, H.-M., Enger, A., Mar­cussen, B. N., Haneborg, A.-M., Christo­phersen, A. S., Vin­denes, V., & Øies­tad, E. L. (2014). Detec­tion time for THC in oral flu­id after fre­quent cannabis smok­ing. Ther­a­peu­tic Drug Mon­i­tor­ing, 36(6), 808‑814.[]
  13. McCart­ney, D., Arkell, T. R., Irwin, C., Kevin, R. C., & McGre­gor, I. S. (2022). Are blood and oral flu­id Δ9-tetrahy­dro­cannabi­nol (THC) and metabo­lite con­cen­tra­tions relat­ed to impair­ment ? A meta-regres­sion analy­sis. Neu­ro­science & Biobe­hav­ioral Reviews, 134, 104433.[]