Le cannabis, c’est un marché en forte industrialisation et du chiffre d’affaires. C’est aussi des coûts pour la société et des recettes publiques.
Des profits et des dépenses
Un intérêt économique
Le cannabis est la substance psychotrope illégale la plus consommée au monde. La plupart des observatrices et observateurs s’accordent à constater la prise de vitesse et la sophistication de sa production, qui est aujourd’hui une industrie à part entière.
Marchés d’envergure
Certains pays sont leaders dans l’économie du cannabis, historiquement ou en raison des législations en vigueur. Quelques exemples clés.
Le Maroc
Au Maroc, premier producteur mondial, 400’000 personnes dépendent de la culture de cannabis pour subvenir à leurs besoins.1 2 Cela représente un marché de 10 milliards d’euros pour les narcotrafiquant·es.1 Le marché global de cannabis, légal et illégal, y est estimé à 415 milliards de dollars.3
L’Amérique du Nord
Premier pays occidental à avoir légalisé le cannabis en 2018, le Canada a vu naître des entreprises qui s’imposent comme leaders mondiaux. On observe aussi en amont l’émergence rapide d’un agro-business des fournitures et engrais. Cette nouvelle économie est aujourd’hui valorisée à 6 milliards de dollars.4 Des compagnies de tabac ont d’ailleurs massivement investi dans le marché du cannabis canadien.5 En 2016, aux États-Unis, le cannabis a généré 200 millions de dollars de recettes fiscales, témoignant du potentiel économique du secteur.
Les Pays-Bas
En Europe, c’est aux Pays-Bas que la vente de cannabis est la plus développée, grâce à une politique de tolérance qui a permis la consolidation de circuits de distribution, notamment à travers les coffee shops. Toutefois, la production y reste interdite, sauf dans le cadre d’expérimentations encadrées.6 Des projets pilotes sont actuellement en cours afin de développer une production locale légale destinée à alimenter ces établissements.7
Le lobbying
Aux États-Unis, le lobbying autour du cannabis est désormais bien établi. Des acteurs influents, comme le Marijuana Policy Project, ont bénéficié de financements importants, notamment de la part d’organisations ou d’intérêts privés, pour soutenir des études sur les coûts de la prohibition. Le secteur s’est ainsi professionnalisé et structuré, marquant une rupture nette avec l’image contestataire et alternative que le cannabis véhiculait dans les années 1960 et 1970.
Les différents acteurs impliqués dans le débat sur le cannabis développent un argumentaire étoffé en faveur de sa légalisation ou de sa régulation, tant pour l’usage psychotrope que pour les produits dérivés. Le cannabis y est fréquemment présenté comme « le plus inoffensif des psychotropes », avec une insistance particulière sur ses potentiels bénéfices économiques et sociaux, en contraste avec les coûts élevés et l’inefficacité des politiques prohibitionnistes.8 Étant donné les flux monétaires que la légalisation peut occasionner, il est important de réfléchir à ses tenants et aboutissants. Ainsi, bien que l’Allemagne ait légalisé le cannabis en 2024, toute transaction financière liée à sa vente reste interdite.9 Cette restriction limite fortement l’influence du lobbying économique sur les politiques publiques, tout en réduisant les incitations commerciales à la consommation.
Coûts induits par le cannabis en Suisse
Un rapport de 2022 a analysé le marché du cannabis suisse pour le projeter dans différents scénarios, afin d’en dédire des conséquences économiques10 : légalisation gérée par l’État, par des entreprises privées, limitée à des cannabis social clubs et même absence de changements.
En 2022, le cannabis a un coût en Suisse estimé à 156 millions de CHF, et il génère un chiffre d’affaires de 843 millions pour le marché noir.10
Ce graphique ne représente cependant que les coûts directs, et fait abstraction des coûts indirects, causés par exemple par l’absentéisme au travail, la difficulté à trouver un emploi ou les morts prématurées.
Les coûts associés à la prévention et réduction des risques ont été considérés comme suffisamment faibles pour ne pas être pris en compte dans les calculs.
Cette étude a aussi analysé les sources de revenus de l’état en fonction des modèles économiques potentiellement applicables dans le futur.
Il faut cependant tenir compte du fait que les conséquences de l’applications de ces différents modèles ne sont pas inclues. De nombreux États en Amérique ont ainsi appliqué un modèle de libre-marché, qui a mené à une augmentation de la consommation. Cela a induit des coûts supplémentaires, entre autre à cause des accidents de la route.11 Néanmoins, cela reste une analyse économique intéressante de la question autour de la législation en Suisse.
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Quelques données sur la consommation en Suisse
Un aperçu des proportions de consommation de la drogue illégale la plus consommée en Suisse.
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- Cannabis : 181,1 millions de consommateurs à travers le monde. (s. d.).[↑]
- Norman, H. (2024, avril 8). 60% Of Netherlands Residents Want A Regulated Cannabis Industry.[↑]
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