L’ajout de substances (sable, microbilles de verre, plomb…) dans l’herbe de cannabis pour augmenter son poids n’est pas dépourvu de conséquences sur la santé. Le cannabis frelaté peut ainsi être responsable d’atteintes respiratoires ou d’intoxications.
Frelaté égale danger !
Tout le marché comporte un risque
Les agents de coupe volontaires
L’herbe ou la résine de cannabis peuvent être coupées afin d’augmenter leur poids, leurs effets ou d’améliorer leur aspect. Cela permet aux dealers de se dégager plus de bénéfices. Cependant, certains produits de coupe augmentent la toxicité du cannabis.
Des usagers et usagères prétendent avoir découvert tout et n’importe quoi comme produit de coupe, y compris des choses qui n’existent pas, comme l’huile de pneu. Il vaut donc mieux ne pas tout croire au pied de la lettre, la qualité de certains témoignages étant douteuse.
Voici les cas documentés par des études scientifiques sur la question :
- Microbilles de verre, censées ressembler au THC sur les fleurs1
- Sable2
- Laine de verre2
- Talc3
- Henné4
- Cannabinoïdes de synthèse5
- Acétate de vitamine E (uniquement dans certains liquides pour e‑cigarettes)6
- Plomb 4 (il s’agit d’un évènement unique dans une région en Allemagne)7
Les agents de coupes involontaires
Le marché noir ne comportant pas de labels de qualité, on retrouve également des produits résiduels non souhaités dans les produits du cannabis qui n’en contiennent pas volontairement. Des engrais, des métaux lourds issus du sol où poussent les plants ou encore des moisissures pouvant être toxiques se retrouvent dans certains produits.1 Difficilement détectables sans accès à un laboratoire d’analyse, les consommateurs et consommatrices resteront exposé·es à ces produits tant qu’un marché légal et contrôlé ne sera pas mis en place.
Risques
Risques pulmonaires
Les risques pulmonaires se manifestent surtout en cas d’usage prolongé de cannabis avec du talc, des microbilles de verre ou du sable. Cela peut se traduire par des gênes respiratoires et agression des muqueuses des poumons8, voire des crachats de sang9. L’acétate de vitamine E dans les e‑liquides au THC peut entrainer des pneumonies graves.6 Heureusement, son usage a semblé se limiter aux États-Unis et n’a pas perduré.
Les maladies pulmonaires causées par des substances frelatées pourraient être plus fréquentes dans la réalité que ce que révèle la littérature. Souvent, la consommation de cannabis n’est pas admise par les patient·es, ce qui rend ces problèmes moins visibles. En cas d’effets secondaires pulmonaires ou mentaux anormaux, n’hésitez pas à consulter un·e médecin traitant·e et à vérifier que votre cannabis ne contient pas de produits de coupe ou de cannabinoïdes de synthèse.
Risques de surdose
Il existe aussi des risques de surdoses potentiellement mortelles lorsque le cannabis contient des cannabinoïdes de synthèse. Ils peuvent produire des expériences particulièrement traumatisantes et intenses, nécessitant parfois des hospitalisations.
Éviter les produits de coupe
Il existe plusieurs moyens de réduire les risques de consommer des produits de coupe. Voici les principaux :
- Choisir une source fiable pour l’approvisionnement en cannabis, avec une chaîne de vente la plus courte possible.
- Utiliser un filtre efficace. Les cartons et filtres “marocco » (cale de tabac) ne permettent pas de retenir le sable et les microbilles. Il existe du choix entre les filtres pour tabac à rouler, les filtres de cigarettes industrielles ou les filtres au charbon actif. Contrairement à une croyance répandue, ajouter un filtre ne réduit pas significativement le taux de THC dans la fumée10. Cela permet en plus de réduire l’absorption de nombreux autres composés toxiques10.
- Vérifier le cannabis à la loupe ou au microscope. Certains produits de coupes sont facilement visibles avec un grossissement adapté.
Microbilles de verre visibles au microscope11
- Rincer son cannabis à l’eau en cas de doute. Le THC et le CBD ne sont pas solubles dans l’eau, mais cela peut aider à enlever le sable, le talc ou les microbilles en cas de contamination. Il est par contre nécessaire de refaire sécher convenablement son cannabis ensuite avant de le fumer.
- Manger son cannabis : les microbilles, le talc et le sable sont beaucoup moins dangereux dans l’estomac que dans les poumons.
- Faire analyser son cannabis dans un dispositif de drug-checking gratuit en cas d’effet secondaire. Renseignez-vous bien sur les conditions d’admission : certains dispositifs n’acceptent que du cannabis ayant déjà été consommé provoquant des effets inattendus.
Pages pouvant vous intéresser
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