La consommation de cannabis peut entraîner des complications lors d’une anesthésie générale, voire même locale, et cela pour plusieurs raisons. Explications.
Consommation d’autres substancesDes complications possibles
Risques en cas d’opération
Interactions avec les produits anesthésiants
Le cannabis peut s’avérer dangereux pour les personnes consommatrices si elles doivent être anesthésiées. Parmi la soixantaine de cannabinoïdes qu’il contient, le tétrahydrocannabinol est le principal. Or, celui-ci possède des propriétés sédatives et hypnotiques. Son association aux anesthésiques peut potentialiser ces types d’effets des substances qui réduisent l’activité du cerveau. Le CBD lui, a des effets également sur le foie, ce qui réduit l’élimination de certains opioïdes et benzodiazépines. Le cannabis modifie finalement la motilité intestinale et ralentit la digestion, ce qui représente un problème pour les opérations nécessitant d’être à jeun, comme les coloscopies.1
Certains agents utilisés en anesthésie ont une tolérance croisée avec le cannabis ; c’est-à-dire qu’une personne ayant l’habitude des effets du cannabis ressentira moins les effets de ces médicaments.1
Les multiples interactions entre anesthésiants et cannabis rendent donc délicate l’adaptation précise des dosages au cours de l’anesthésie. Il est préférable d’en discuter avec l’anesthésiste, soumis·e au secret médical, avant de procéder à une opération.
Complications cardiovasculaires et respiratoires
La fumée de cannabis augmente la demande d’oxygène du cœur sous anesthésie générale.1 Elle peut aussi provoquer des spasmes au niveau des bronches ou du larynx.2 Le cannabis peut créer une inflammation de la luette dans la gorge, posant des problèmes pour les intubations.3 Les personnes consommant régulièrement s’exposent en outre à une altération des fonctions pulmonaires qui pose un risque accru de complications.4
Au niveau cardiaque, le THC a tendance à modifier le rythme normal du cœur et à augmenter le rythme cardiaque avant l’opération.4 Cela peut être dangereux avec certains anesthésiants qui accélèrent aussi les battements du cœur ou si la personne a des problèmes cardiaques préalables.4 Avec la consommation de cannabis, le sang a aussi plus de peine à coaguler4, ce qui favorise l’apparition d’hémorragies.
Prévenir les complications
Ceux et celles qui doivent subir une intervention chirurgicale avec anesthésie locale ou générale devraient éviter la consommation de cannabis dans les 72h avant l’opération.4 Malgré cela et en raison d’une élimination lente, les cannabinoïdes peuvent être présents dans les tissus des fumeurs pendant des semaines et entraîner une légère interaction avec certains agents anesthésiques.4 En cas de consommation de cannabis dans les 3 jours qui précèdent, il vaut mieux en informer l’anesthésiste, qui pourra s’adapter en fonction.
Après l’opération
Parfois utilisé comme antidouleur en automédication5, le cannabis n’est pas très adapté à un usage post-opératoire. Il baisse l’activité du système immunitaire, ce qui pourrait faciliter les infections, et modifie la régénérescence des vaisseaux sanguins.4 Cela peut poser des problèmes de distribution du sang dans les tissus endommagés.
Malgré ces effets connus, le peu d’études ayant suivi des patient·es après les opérations montrent que les personnes qui consomment du cannabis et celles qui n’en consomment pas ont des taux de rémission similaires.6 L’usage de cannabis post-opératoire n’est donc pas recommandé en l’absence de données suffisantes sur la question, même si a priori il ne semble pas alarmant. En cas de doute ou de consommation régulière, il est important d’en parler avec un·e professionnel·le de santé afin d’évaluer les risques et d’adapter le suivi médical si besoin.
- Lee, B. H., Sideris, A., Ladha, K. S., Johnson, R. L., & Wu, C. L. (2024). Cannabis and Cannabinoids in the Perioperative Period. Anesthesia and Analgesia, 138(1), 16‑30.[↑][↑][↑]
- King, D. D., Stewart, S. A., Collins-Yoder, A., Fleckner, T., & Price, L. L. (2021). Anesthesia for Patients Who Self-Report Cannabis (Marijuana) Use Before Esophagogastroduodenoscopy : A Retrospective Review. AANA journal, 89(3), 205‑212.[↑]
- GASH, A., KARLINER, J. S., JANOWSKY, D., & LAKE, C. R. (1978). Effects of Smoking Marihuana on Left Ventricular Performance and Plasma Norepinephrine. Annals of Internal Medicine, 89(4), 448‑452.[↑]
- Huson, H. B., Granados, T. M., & Rasko, Y. (2018). Surgical considerations of marijuana use in elective procedures. Heliyon, 4(9), e00779.[↑][↑][↑][↑][↑][↑][↑]
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- McAfee, J., Boehnke, K. F., Moser, S. M., Brummett, C. M., Waljee, J. F., & Bonar, E. E. (2021). Perioperative Cannabis Use : A Longitudinal Study of Associated Clinical Characteristics and Surgical Outcomes. Regional anesthesia and pain medicine, 46(2), 137‑144.[↑]
