Consommer du cannabis donne faim

Le cannabis est réputé pour provo­quer des envies soudaines et intens­es de manger, surtout des ali­ments sucrés ou gras. Ce phénomène bien réel s’ex­plique par l’ac­tion du THC sur notre cerveau. Mais para­doxale­ment, les per­son­nes qui en con­som­ment régulière­ment ne pren­nent pas for­cé­ment plus de poids.

Quels sont les mécanismes sur le cerveau ? 

Ce n’est pas un mythe : les études sci­en­tifiques con­fir­ment que le cannabis aug­mente réelle­ment l’ap­pétit, même chez les per­son­nes qui vien­nent de manger.1 Les con­som­ma­teurs et con­som­ma­tri­ces rap­por­tent notamment :

  • Une envie soudaine et intense de manger
  • Une atti­rance par­ti­c­ulière pour les ali­ments sucrés et gras
  • L’im­pres­sion que la nour­ri­t­ure a meilleur goût
  • La capac­ité de manger plus que d’habitude
  • Des envies ali­men­taires même sans avoir faim

Si vous souhaitez en savoir plus sur les effets du cannabis sur le cerveau, de manière générale, vous pou­vez con­sul­ter la page ci-dessous.

Les mécanismes du THC sur la sensation de faim 

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  1. Action sur les récep­teurs CB12
    Le THC se fixe sur des récep­teurs spé­ci­fiques dans notre cerveau, appelés CB1, par­ti­c­ulière­ment présents dans l’hy­po­thal­a­mus, la zone qui con­trôle la faim et la satiété.
  2. Libéra­tion d’endorphines
    Cette acti­va­tion déclenche la libéra­tion d’en­dor­phines, nos hor­mones du plaisir naturelles. Résul­tat : manger devient encore plus agréable et sat­is­faisant qu’habituellement.
  3. Dérè­gle­ment hormonal
    Le THC per­turbe trois hor­mones clés de l’ap­pétit :3
    • La ghré­line (hor­mone de la faim) : augmente
    • La lep­tine (hor­mone de la satiété) : diminue
    • Le PYY (sig­nal de satiété) : perturbé
  4. Ampli­fi­ca­tion des sens
    Le THC peut inten­si­fi­er les sen­sa­tions gus­ta­tives et olfac­tives, ren­dant la nour­ri­t­ure plus attrayante et savoureuse.

Le paradoxe du cannabis et du poids

Mal­gré ces fringales intens­es, les per­son­nes con­som­mant régulière­ment de cannabis ont ten­dance à être moins en sur­poids que la moyenne de la pop­u­la­tion.4

Com­ment l’ex­pli­quer ? Avec une con­som­ma­tion régulière, le corps s’adapte en réduisant le nom­bre de récep­teurs CB1 disponibles. Le sys­tème endo­cannabi­noïde devient moins sen­si­ble, ce qui lim­ite l’ef­fet sur l’ap­pétit et peut même mod­i­fi­er le métab­o­lisme de base.5

⚠️ Atten­tion : Cela ne fait pas du cannabis un pro­duit amaigris­sant ! Les mécan­ismes sont com­plex­es et les effets vari­ent selon les individus.

Usage médical : quand stimuler l’appétit est thérapeutique

Dans cer­tains cas médi­caux, l’aug­men­ta­tion de l’ap­pétit causée par le THC peut être béné­fique :6

  • Patient·e·s atteint·e·s du SIDA : Le THC aide à lut­ter con­tre la perte de poids sévère (approu­vé aux États-Unis)
  • Anorex­ie : Poten­tiel thérapeu­tique à l’é­tude, mais preuves encore insuffisantes
  • Chimio­thérapie : Pour­rait aider con­tre la perte d’ap­pétit (études en cours)

Dans ces cas, le cannabis médi­cal est pre­scrit sous forme orale (pilules, huiles) et sous super­vi­sion médi­cale stricte.

  1. Kirkham, T. C. (2009). Cannabi­noids and appetite : Food crav­ing and food plea­sure. Inter­na­tion­al Review of Psy­chi­a­try (Abing­don, Eng­land), 21(2), 163‑171.[]
  2. Koch, M., Varela, L., Kim, J. G., Kim, J. D., Her­nan­dez, F., Simonds, S. E., Cas­tore­na, C. M., Vian­na, C. R., Elmquist, J. K., Moro­zov, Y. M., Rakic, P., Bech­mann, I., Cow­ley, M. A., Szigeti-Buck, K., Diet­rich, M. O., Gao, X.-B., Diano, S., & Hor­vath, T. L. (2015). Hypo­thal­a­m­ic POMC neu­rons pro­mote cannabi­noid-induced feed­ing. Nature, 519(7541), 45‑50. []
  3. Rig­gs, P. K., Vai­da, F., Rossi, S. S., Sorkin, L. S., Gouaux, B., Grant, I., & Ellis, R. J. (2012). A pilot study of the effects of cannabis on appetite hor­mones in HIV-infect­ed adult men. Brain Research, 1431, 46‑52.[]
  4. Alshaarawy, O., & Antho­ny, J. C. (2019). Are cannabis users less like­ly to gain weight ? Results from a nation­al 3‑year prospec­tive study. Inter­na­tion­al Jour­nal of Epi­demi­ol­o­gy, 48(5), 1695‑1700.[]
  5. Gam­age, T. F., & Licht­man, A. H. (2012). The endo­cannabi­noid sys­tem : Role in ener­gy reg­u­la­tion. Pedi­atric Blood & Can­cer, 58(1), 144‑148.[]
  6. Nation­al Acad­e­mies of Sci­ences, E., Divi­sion, H. and M., Prac­tice, B. on P. H. and P. H., & Agen­da, C. on the H. E. of M. A. E. R. and R. (2017). Ther­a­peu­tic Effects of Cannabis and Cannabi­noids. In The Health Effects of Cannabis and Cannabi­noids : The Cur­rent State of Evi­dence and Rec­om­men­da­tions for Research. Nation­al Acad­e­mies Press (US).[]